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Quelques heures de danse (fin)

  • juliebillaudaline
  • 20 janv. 2019
  • 2 min de lecture

J’ai passé deux jours dans le silence des autres, parcourue de leur souffle, du vent entre leurs doigts, de l’air entre nos corps.

Dans le silence des corps, le miaulement des âmes, le râle des peurs.

De l’état minéral nous avons parcouru dans le noir le chemin initiatique qui nous a menés à notre geste intime. Celui qui fonde notre être au monde, notre ancrage et notre stabilité.


Mes doigts ont frémi, puis ma main, entière, la main droite. Elle est tombée au sol. L’autre s’est éveillée. Puis la tête a tourné et s’est ouverte au ciel. Torsion du corps. Palpation progressive de l’air tout autour. Est-ce sûr ? Ce qui m’entoure est-il sans danger ? Je tâte dans l’obscurité ce qui est autour de moi. Puis je ramène mes mains sur ce que je découvre être mon corps. Je touche mes yeux, je bouche mes oreilles pour entendre ma vie intérieure, je pose mes mains sur ma bouche puis longtemps sur mon front. De quelle énergie suis-je constituée ? Est-elle à la hauteur de ce qui m’attend, en dehors de moi, là-bas, dans le monde qui n’est pas moi, qui m’est étranger ?

Mes mains saisissent deux cordes invisibles qui me tirent par les épaules. Je suis le pantin, je suis mue par une force extérieure à moi-même qui tire son énergie de mon être.

Brusquement mon corps se replie sur lui-même. Trop d’inconnu, trop de peurs, trop d’incertitudes.

Accroupie, je me balance d’avant en arrière. Je sens l’élan du monde me traverser et m’insuffler l’universel. Mouvement mécanique, accidentel, frénétique, obsessionnel.

Mon pied, est-il un appui ? Je pose mes orteils au sol, je suis toujours tenue par ces cordes. Le pied droit semble stable. Le pied gauche aussi. Je peux me redresser, lentement, très lentement. J’ai peur de ce qui peut m’arriver. La corde se fait plus lâche, et moi plus libre. Libre de quoi ? J’explore, doucement, l’espace qui m’entoure. Je rencontre l’air, un air rempli de vide, un air vidé de trop-plein, déjà. Nous circulons dans ce même espace, eux et moi.


Il me semble à présent qu’il n’y a rien de plus juste que le collectif, qui agit, qui se désarticule, qui s’écoute et se respecte. Je crois en l’homme. Je veux tendre vers une dépersonnalisation.

Il n’y a qu’une seule Vérité. Tout est un et multiple. Chaque chemin mène au même centre, au même ventre. Nous ne sommes qu’à des stations. Nous circulons sur la cartographie confuse du réseau humain qui se perd dans le vain.

Retrouver le geste. Renaître à soi. Pour accoucher de l’autre.


Je suis le ventre de mes idées.

Je suis Toi.

Je suis l’infini kaléidoscope.


 
 
 
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