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Poésie d'été en vrac


Cap d'Agde – 31 juillet 2018

Ce que je vois de mon balcon

C’est une tortue de l'île de Ré.

Ou peut-être une tortue en Ré majeur.

J'ai vu

Un ananas passer. Ses feuilles pendouillaient de gauche à droite.

Des animaux gonflés à bloc aux couleurs acidulées.

Des plastiques bon marché : un cygne, une part de pizza, une tranche de pastèque.

Toujours la peau luisante mais pas pour les mêmes raisons que le vers.


Le Monsieur n’a plus qu’un bras là-bas et ça me fait bizarre. Je me demande comment il fait. Je le regarde pour comprendre.

Qu’il est agile avec son corps.


Je vois les bateaux sur la vitre.

C’est drôle. Ils finissent leur course dans le mur.


Paris – 10 août 2018


Bestiaire du métro


Le ruminant qui cocotte, mastique, bouche bée puis bouche fermée. Il fait du bruit.

Il est vêtu d’un élégant short corail et d’une chemise blanche en lin.

Qu’il est vulgaire.


Dans le métro les visages se juxtaposent, se font face ou de côté. Ils se collent parfois avec un peu de sueur, quand c’est plein. Les haleines doivent se supporter mutuellement. Les odeurs corporelles aussi. Les parfums enivrent ou donnent la nausée. Surtout quand ils se mélangent. Et puis il y a ceux qui ne se sont pas lavés. Cette odeur rance mêlée à la sueur macérée. Il y a quelque chose de pourri. Tout le monde les évite, ces gens-là.


Et toi tu poses ta main sur ma cuisse. Je me dis que tu devrais éviter de mettre tes mains partout. Surtout sur les rampes des escalators. C’est plein de bactéries. C’est sale, comme les gens qui ne se lavent pas.


J’essaye toujours de m’asseoir sur les fauteuils sans chewing-gums collés. Ils sont noirs. On pourrait croire que c’est autre chose mais je suis sûre que c’est des chewing-gums collés.

J’aime bien m’asseoir dans le coin. Comme ça je regarde les traces non identifiées sur la vitre. J’aime bien aussi m’asseoir sur l’extérieur. Comme ça j’évite de gêner tout le monde pour sortir de ma place.

Je n’aime pas les strapontins. Quand je suis assise sur un strapontin, je vis dans l’angoisse d’en être délogée à chaque station. C’est anxiogène, un strapontin.


[…]


Dans le métro les vies se mêlent sans se nouer.

Alors j’invente des romans, dans ma tête.

Pour pallier le vide.


Un dimanche


Le square des Parisiens le dimanche.

Le croissant au beurre et le café crème -comme mon papa-, place d’Anvers.

Le Monsieur à la chemise carrelée et aux lunettes rondes croque les silhouettes sur son petit carnet.

Sa feuille explose en bouche au cœur de Montmartre.


Et les pigeons roucoulent.

Et tu ris.

« Pourquoi t’aimes les pigeons ?

  • Parce que les gens pensent qu’ils sont sales, parce que ce sont des oiseaux, parce qu’ils doivent se dire la même chose des hommes. »

Et je t’aime. Mais je me dis quand même beurk. Rats d’égouts, pigeons des squares.



Mornac sur Seudre – 20 août 2018


Le saunier est un poète.

Il cueille la fleur de sel.

C’est une montagne de cristaux qui irisent l’argile.

Et ces bassins imitent Versailles dans la transparence d’un ciel géométrisé.

C’est un homme qui racle, qui entasse, qui recueille ce que la mer offre de plus blanc.


Ne parle-t-on pas du sel de la vie ?

Ce sel qui s’en va dans nos larmes et convole à notre tristesse.


De toute façon je préfère le sucré.


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