L'Art nouveau au château de Ripaille - Thonon-les-bains

C'est un château au bord du lac Léman. Un château qui est empreint d'un charme tout particulier. On éprouve ses origines médiévales et renaissantes associées avec une grande subtilité au style Art nouveau.

La figure la plus marquante de cette demeure est Amédée VIII, 1er duc de Savoie, qui crée l'Ordre des Chevaliers de Saint Maurice en se retirant pour vivre en ermite dans une partie du château. Il délègue alors ses pouvoirs à son héritier Louis créé lieutenant général du Duché. En 1439 le concile de Bâle en conflit avec le pape Eugène IV décide de le déposer et élit Amédée VIII à sa place. Amédée abdique de son titre ducal et prend le nom de Félix V. Considéré comme un antipape, Amédée / Félix renoncera en 1449 après l’élection à Rome d’un successeur à Eugène IV et mourra en 1451. Plus tard, il sera nommé antipape Félix V.

Voltaire écrira dans son Epître au bord du lac de Genève

"Au bord de cette mer où s’égarent mes yeux,

Ripaille, je te vois.

Ô bizarre Amédée !

De quel caprice ambitieux

Ton âme est-elle possédée ?

Duc, ermite, et voluptueux,

Ah ! pourquoi t’échapper de ta douce carrière ?

Comment as-tu quitté ces bords délicieux,

Ta cellule et ton vin, ta maîtresse et tes jeux,

Pour aller disputer la barque de saint Pierre ?

Lieux sacrés du repos, je n’en ferais pas tant ;

Et, malgré les deux ciels dont la vertu nous frappe,

Si j’étais ainsi pénitent,

Je ne voudrais point être pape."

Gibbon raconte qu’introduit chez Voltaire, probablement par le ministre genevois Pavillard, il lut cette épître et la retint par cœur. « Et comme ma discrétion, dit-il, n’était pas égale à ma mémoire, l’auteur eut bientôt à se plaindre de la circulation d’une copie de son ouvrage. »

L’allusion au duc de Savoie Amédée, qui s’en prenait à des temps déjà bien anciens (1439-1449), ne méritait pas qu’on y fît grande attention à Turin. Cependant la cour de Savoie s’en émut ; elle agit à Genève, et insista assez pour obtenir la suppression de la pièce.

Le poète se borna à nier qu’il fût pour quelque chose dans la pièce incriminée, et il le niait encore trois ans après dans le billet à l’adresse de Léger, 12 février 1758.