Je veux vivre
Je n’avais pas vraiment compris ce que certains écrivains disaient lorsqu’ils affirmaient être nés deux fois.
Je crois que je suis née, à nouveau.
Je crois que toutes ces années n’étaient qu’une gestation de moi-même.
Maman m’a donné la vie, le 17 mai 1988 à Sucy-en-Brie. J’ai commencé à respirer mais je ne l’ai pas aimée cette vie. L’innocence de mon enfance a été tâchée, puis mon adolescence a été griffée, et jeune femme, j’ai eu le sentiment d’avoir été tabassée par des années de violence éprouvées par le monde extérieur.
Mais pendant toutes ces années, j’ai trouvé de l’oxygène pour continuer à respirer, c’était la création. Créer des objets de mes mains, des dessins, des textes, des sons. Faire sortir de moi ce qui débordait, y voir une forme de liberté contre mes geôles. Y trouver une beauté fragile, entre la fêlure et la cicatrice.
J’ai trébuché, je suis tombée, on m’a piétinée. Je me suis envolée.
Maintenant. Je suis habitée
d’envies, de couleurs et de musiques. Des petites notes intérieures qui dessinent la manière dont je perçois ce qui m’entoure. J’aimerais que tout rayonne, même la pluie derrière la vitre. Et que l’on voit la terre qui se nourrit à travers les averses qui font couler nos pleurs.
Je veux vivre. Donner et transmettre. Apprendre et comprendre. Parfois laisser l’insaisissable régner.
Je veux vivre pour tous ceux à qui on l’a ôtée, pour tous ceux à qui on ne l’a pas donnée.
